L'après Tronc Commun : l’enseignement Qualifiant
Si, jusqu’ici, l’enseignement Qualifiant désignait les filières Technique et Professionnelle; il n’en sera plus de même après le Tronc Commun proposé par l'Avis n°3 du Pacte pour un Enseignement d'Excellence. En effet, une fois passée l’épreuve du Certificat du Tronc Commun, les élèves devront choisir de s’orienter vers la filière dite « de transition » ou vers la filière dite « qualifiante ». Cette dernière ayant fait l’objet d’un Axe stratégique à part entière dans l’Avis 3 (11 pages !), il nous a semblé opportun d’y consacrer un volet de ce PPEE pour les Nuls. Quatre points nous ont semblé essentiels : la fusion des filières Technique et Professionnelle, le renforcement du pilotage de l’offre du Qualifiant, le développement de la Certification Par Unités (CPU). 1. La fusion des filières Technique et Professionnelle [1] Dans son Avis 3, le GC s’accorde sur le fait qu’au sein de la filière qualifiante, la distinction entre les formes (qualifiantes) dites techniques et professionnelles soit supprimée. L'enseignement technique mêle des tâches variées qui demandent au élèves de mobiliser leurs compétences logico-verbales (liées à l'écriture, au verbe,...) dans un objectif concret (lié au métier qui sera appris). La distinction est très forte avec l'enseignement professionnel où les élèves sont beaucoup moins soumis à de telles tâches et apprennent à mobiliser des notions et des gestes pour accomplir un travail concret (couper du bois, réparer un pneu, préparer un plat,...). L'offre de notre enseignement découpé en "général de transition", "technique de transition", 'technique de qualification" et "professionnel de qualification" permet aux élèves de trouver un cursus qui corresponde le plus possible à leur sensibilité. Et des élèves bien dans leur option et qui s'investissent sont des élèves qui s'épanouissent et qui deviendront plus facilement des citoyens responsables, cultivés et compétents. Même cela n'est pas mentionné en toutes lettres, il est totalement légitime de s’interroger sur l'objectif de cette fusion. En effet, fermer l'enseignement technique de qualification, c'est diminuer la quantité de cours liées à ses options. Or, ces cours coûtent plus cher que des cours de français, math, histoire, géo, etc. (car n'ayant pas besoin d'autant de matériel). Notons enfin que la question d’un futur « glissement » des élèves qui auraient fréquenté l’enseignement professionnel actuel vers l’enseignement en alternance peut également se poser… Quel en serait l’intérêt pour la FWB ? Pour le monde économique ?
A l’écoulement d’une durée de prévis à fixer (phasing out), les OBG qui quittent le répertoire ne seront plus financées. La période de phasing out doit permettre de reclasser le personnel concerné (infra sur le reclassement du personnel affecté par les réformes). En général et selon toutes nos observations et les témoignages recueillis, un membre du personnel exerce son métier avec autant de compétence et de facilité qu'il a d'expérience dans sa fonction. Cela n'exclut pas qu'un membre du personnel "jeune" dans sa fonction ne puisse l'exercer avec autant de facilité et de compétence. |
L'Enseignement SpécialiséSommaire
AVANT-PROPOS QU’EST – CE QUE LE PACTE POUR UN ENSEIGNEMENT D’EXCELLENCE (PPEE) ?
LES PLANS DE PILOTAGE
LE TRONC COMMUN
LES GRILLES DU TRONC COMMUN LE CERTIFICAT DU TRONC COMMUN L’ENSEIGNEMENT QUALIFIANT
L’ENSEIGNEMENT SPÉCIALISÉ DIVERS PISTES DE RÉFLEXIONFLEXION |
Cette idée de reclasser le personnel qui perdra des heures dans la réformes du Tronc Commun et du Qualifiant sera dommageable pour les enfants en premier, le personnel en second, et enfin, les directions qui devront gérer des équipes changeantes.
Le licenciement n'est pas exclu. Pour l'instant, les syndicats, par la voix de leurs représentants au comité de concertation, soutien cette réforme-ci à condition qu'il n'y ait aucun licenciement. Bien sûr, des chiffres globaux ont été avancés pour expliquer qu'en tout, il n'y aura que quelques centaines de pertes d'emploi sur près d'un millier. Mais dans les faits, il va falloir engager des profs de langues par centaines pour licencier des profs de pratiques professionnelles de 3ème professionnelle et des options qui seront supprimées.
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[1] Avis n°3, p.75, note de bas de page !
Le licenciement n'est pas exclu. Pour l'instant, les syndicats, par la voix de leurs représentants au comité de concertation, soutien cette réforme-ci à condition qu'il n'y ait aucun licenciement. Bien sûr, des chiffres globaux ont été avancés pour expliquer qu'en tout, il n'y aura que quelques centaines de pertes d'emploi sur près d'un millier. Mais dans les faits, il va falloir engager des profs de langues par centaines pour licencier des profs de pratiques professionnelles de 3ème professionnelle et des options qui seront supprimées.
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[1] Avis n°3, p.75, note de bas de page !
2. Le renforcement du pilotage de l’offre du qualifiant [1]
Le GC considère que certaines options doivent être supprimées, notamment celles qui n’offrent aucune qualification précise permettant d’accéder à un emploi, même si elles sont fréquentées par un nombre important d’élèves. [...] Ces OBG (Options de Base Groupées) pourront être remplacées par des OBG nouvelles correspondant mieux aux évolutions du marché du travail.
L’Avis 3 motive ce choix de « rationalisation » de l’offre d’options par la nécessité d’adapter celle-ci aux besoins changeants du monde du travail.
Pour ce faire, l’offre d’options sera gérée par la FWB au sein de chacun des dix « Bassins EFE » (Enseignement Qualifiant-Formation-Emploi) qui veilleront « à présenter une meilleure adéquation entre offre d’enseignement et réalités du monde socio-économique ». Ceux-ci seront renforcés par un organe encore à créer, l’Observatoire du Qualifiant, des Métiers et des Technologies, qui se chargera de rassembler les données concernant l’enseignement qualifiant et de déterminer de façon « objective » « si des options sont peu ou pas porteuses d’emploi »[2] (concrètement, il s’agira de faire le lien entre les jeunes sortant d’une formation professionnelle et leur positionnement sur le marché du travail). L’exemple fourni dans le document met en avant l’insertion professionnelle plus rapide des jeunes ayant suivi une formation en coiffure en alternance par rapport à ceux ayant suivi cette formation en plein exercice : doit-on en déduire qu’à l’avenir, la formation de coiffeurs-euses serait uniquement dispensée en CEFA/IFAPME ? L’avis n°3 ne répond pas clairement à cette question.
Les bassins auront la possibilité de réaliser des « appels d’offre » dans le cas où plusieurs établissements proches organiseraient une même option trop peu porteuse d’emploi afin de « réduire le morcellement de l’offre ». Ils pourront agir de même lorsqu’une option pourtant porteuse n’est ouverte dans aucun établissement du bassin. Les établissements à même de conserver ou d’ouvrir l’option ciblée se verraient donc imposer un cahier des charges déterminant notamment les « objectifs en termes de fréquentation à atteindre dans un délai fixé, […] de nombre de certifications […] attendus dans un (sic !) durée temporelle déterminée,… »[3]
Les normes de maintien et de création d’options seront donc également « reserrées » en vue de fermer les options les moins porteuses « même si elles sont fréquentées par un nombre important d’élèves »[4] : avec quelles conséquences, sur l’emploi, notamment? Et sur l’organisation de l’établissement ? … et sur l’EPANOUISSEMENT des JEUNES ???
Encore une fois, cette réforme du système appelle à coller un maximum aux évolutions du monde du travail... pour ne laisser que peu de place à la sensibilité des enfants. Si un jeune désire faire de la boucherie et que l'option n'est ouverte qu'à 50 km de chez lui, notre système sera alors coupable d'une injustice flagrante. Et quand un enfant ne trouve pas la voie qui correspond le plus à sa sensibilité, il sera plus difficile pour lui d'évoluer positivement. C'est encore une mesure qui sera dommageable pour les enfants ! De plus, cette proposition nie toutes les possibilités de carrière qu'offre une formation pour adultes. Ces dernières peuvent être complétées et permettre d'intégrer les enfants plus facilement dans le monde du travail. Une telle planification de l'offre scolaire dans une visée utilitariste laisse craindre le pire : que l'école ne soit plus qu'un levier pour maximiser les richesses d'un monde macro-économique sans contrôle.
Pour information, l'économie espérée est de 37 millions d'euros[5]...
En savoir plus :
Sur les bassins EFE et leur composition :
http://www.enseignement.be/index.php?page=27593&navi=4229
http://bassinefe.be/
Sur les normes de création et de maintien des options :
http://www.enseignement.be/upload/circulaires/000000000003/FWB%20-%20Circulaire%206058%20(6290_20170214_135626).pdf
Sur l’intervention du monde de l’entreprise dans ce volet de la réforme :
https://www.agoria.be/fr/La-ministre-M-M-Schyns-a-la-rencontre-d-Agoria-Wallonie-et-Bruxelles
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[1] Avis n°3, p.210.
[2] Idem, p.211.
[3] Idem, p. 214.
[4] Idem, p.213.
[5] Idem, p.217.
3. Le développement de la CPU (Certification Par Unités)
La CPU est un mode d’évaluation des élèves sur base de l’acquisition de certains apprentissages qui existe dans certaines options de l’enseignement Technique et Professionnel (comme l’automobile et l’esthétique depuis 2011). Ainsi, les savoirs, aptitudes et compétences à maîtriser dans le cadre de l’apprentissage d’un métier sont répartis en UAA, Unités d’Acquis d’Apprentissage. Lorsque l’élève pourra prouver qu’il maîtrise une UAA, lors d’une évaluation, celle-ci sera validée et, au terme de sa formation, l’élève sera diplômé sur base de la validation d’un nombre déterminé d’unités. Il s’agit donc d’une forme de morcellement de l’évaluation des apprentissages.
Le redoublement étant « interdit (sauf cas exceptionnels) »[1], un processus de remédiation sera mis en place pour les élèves n’obtenant pas la validation de certaines UAA. Et, dans le cas où ils n’y seraient toujours pas arrivés en fin de sixième, ils pourraient suivre un programme individualisé de remédiation (d’une durée variable) au cours d’une année supplémentaire (nommée C3D).
Notons que l’Avis n°3 envisage la possibilité d’une expérimentation du système sur toutes les Options de Base Groupées (OBG) d’un secteur avant de le généraliser à l’ensemble de l’enseignement Qualifiant. Le Groupe Central estime qu’une évaluation de la CPU est nécessaire et qu’ « il n’y a pas de lien automatique […] entre la réorganisation de la filière qualifiante sur trois ans et la CPU »[2].
En savoir plus sur la CPU :
http://www.cpu.cfwb.be/
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[1] Avis n°3, p. 205.
[2] Idem.
4 . Les cours généraux et la certification
Abordés très succinctement par l’Avis n°3, ces deux domaines vont ici être rapidement présentés :
Les cours généraux : devront « comporter les mêmes cours, quelles que soient les options choisies »[1]. Le volume horaire pourrait cependant être adapté à chaque cours en fonction de l’OBG, dans une fourchette prédéterminée.
La certification du parcours qualifiant et l’accès aux études supérieures : le GC met en avant deux possibilités en fin de parcours qualifiant, au terme duquel les élèves pourront décrocher leur CESS[2]. Pour accéder à l’enseignement supérieur, ils devront, soit passer une épreuve complémentaire (supplémentaire !), soit suivre une formation dans le cadre d’une septième année (en plein exercice ou en promotion sociale).
Alors que les élèves terminant actuellement leur 6ème année Technique avaient directement accès à l’enseignement supérieur, les élèves issus du futur Tronc Commun ayant suivi une formation qualifiante devraient donc passer une épreuve supplémentaire ou suivre une année de plus pour pouvoir y accéder.
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[1] Avis n°3, p.207.
[2] CESS : Certificat d’Etudes Secondaires Supérieures.