Le 20 janvier dernier s’est tenue la “Journée de Consensus” organisée par la société Atanor mandatée à cet effet par le Ministère de l’Education de la FWB. A cette occasion, quelques 116 citoyens, directeurs, préfets et professeurs du Fondamental et du Secondaire se sont réunis pour ce qui leur avait été présenté comme une journée d’échanges autour des grilles du Tronc Commun.
Ainsi que le mentionne le rapport de cette journée (1), certains étaient venus s’informer, échanger, chercher à comprendre, d’autres souhaitaient défendre leur discipline ou une catégorie d’élèves, d’autres, enfin, désiraient exprimer une opposition, des inquiétudes ou encore défendre des valeurs. De 9h30 à 17h00, les participants, répartis en douze tables (une dizaine de personnes) ont été amenés à se prononcer au terme d’un court temps de prise de connaissance et d’échange sur le choix d’un scénario de grille horaire possible parmi ceux proposés/imposés (2 pour le fondamental et 3 pour le secondaire). En fin d’après-midi, après que les représentants des douze tables aient très rapidement délivré un message à la Ministre, les résultats des choix posés par les différents groupes étaient rapportés à une assemblée toujours concentrée et attentive.
Or, au terme de la journée, beaucoup ont témoigné de leur insatisfaction quant aux objectifs annoncés et/ou qu’ils s’étaient fixés (2): sentiment de frustration, impression d’avoir servi de paravent à un simulacre de consultation, constat de la non prise en compte d’un grand nombre de questions. Et le rapport publié par la société ne peut que renforcer ces sentiments tant il est sujet à critiques.
S’il est toutefois possible de mettre en avant un mérite à cette journée, c’est bien celui d’avoir permis aux “vrais” acteurs de l’enseignement d’échanger même s’il s’agissait, pour cela de passer outre les règles et contraintes imposées par l’organisateur. Ensemble, ils ont manifesté une même volonté de changement. Ils ont prouvé qu’ils n’étaient en rien réfractaires à celui-ci et qu’au contraire, si un réel espace d’expression leur était dévolu au sein de ce processus prétendument participatif, leurs grandes ambitions pour l’école de demain pourraient alors être mises au jour et, qui sait, ECOUTEES, plutôt qu’ENTENDUES!
(1) ATANOR, Rapport de la Journée de Consensus du 20 janvier 2018 sur http://www.pactedexcellence.be/wp-content/uploads/2018/01/Rapport_journe%CC%81e_de_consensus_avec_annexes.pdf
(2) Résultats du sondage proposé en fin de journée par l’asbl 1Pact et messages adressés par les différentes tables à la Ministre de l’Education.
(3) http://www.federation-wallonie-bruxelles.be/index.php?id=159 consulté le 13.02.2018.
(4) https://fr.checkmarket.com/calculateur-taille-echantillon/ consulté le 13.02.2018.
Ainsi que le mentionne le rapport de cette journée (1), certains étaient venus s’informer, échanger, chercher à comprendre, d’autres souhaitaient défendre leur discipline ou une catégorie d’élèves, d’autres, enfin, désiraient exprimer une opposition, des inquiétudes ou encore défendre des valeurs. De 9h30 à 17h00, les participants, répartis en douze tables (une dizaine de personnes) ont été amenés à se prononcer au terme d’un court temps de prise de connaissance et d’échange sur le choix d’un scénario de grille horaire possible parmi ceux proposés/imposés (2 pour le fondamental et 3 pour le secondaire). En fin d’après-midi, après que les représentants des douze tables aient très rapidement délivré un message à la Ministre, les résultats des choix posés par les différents groupes étaient rapportés à une assemblée toujours concentrée et attentive.
Or, au terme de la journée, beaucoup ont témoigné de leur insatisfaction quant aux objectifs annoncés et/ou qu’ils s’étaient fixés (2): sentiment de frustration, impression d’avoir servi de paravent à un simulacre de consultation, constat de la non prise en compte d’un grand nombre de questions. Et le rapport publié par la société ne peut que renforcer ces sentiments tant il est sujet à critiques.
- La participation, tout d’abord. 356 réponses ont suivi l’appel à candidatures lancé par Atanor. Dès le départ, cette consultation n’en avait que le nom: une rapide consultation d’un site internet spécialisé dans le sondage nous apprend que l’échantillon représentatif d’une population de 100.000 personnes (nombre approximatif des enseignants rémunérés par la FWB (3)) devrait correspondre à 383 individus (4) ! Sur ces 356 réponses, seules 156 ont été sélectionnées selon une répartition spécifique (citoyens/ professeurs, niveau d’enseignement, discipline, etc.), pour en arriver à une participation réelle de 116 personnes et une répartition assez modifiée (surreprésentation des professeurs de langues anciennes, par exemple, ou encore présence de directeurs et préfets comptabilisées dans les disciplines du secondaire). Il est dès lors complètement légitime de remettre en question la représentativité des participants.
- Les postulats de départ. L’on peut, en effet, rester perplexe par rapport aux présupposés de cette journée. Le premier étant l’acceptation tacite du principe du tronc commun par au moins une majorité de participants. Or, les discussions autour des différentes tables ont largement révélé que beaucoup ne croyaient pas au succès de cette mesure telle que présentée dans l’Avis n°3 du Pacte pour un Enseignement d’Excellence. Il semblait donc plutôt paradoxal de se pencher sur un paramètre important de sa mise en place, la réalisation des grilles horaires. Toujours paradoxal aux yeux de beaucoup était le fait de poser la réflexion autour du nombre d’heures octroyées aux différentes disciplines avant même de s’interroger sur les contenus des cours et donc le sens donné aux apprentissages de l’enfant.
- La méthodologie adoptée: un grand nombre de participants ont regretté la pression exercée par les organisateurs tout au long de la journée. Pression qui s’est manifestée de plusieurs façons. Si beaucoup soulignent la difficulté de la mission des facilitateurs chargés de gérer les “échanges” aux différentes tables, force est de constater que ceux-ci ont mené celle-ci de façon très aléatoire: certains, en effet, prenant note de toutes les remarques des participants, d’autres, au contraire, refusant de retranscrire certains points (comme l’unanimité d’un groupe autour d’un point ou le refus de se prononcer de quelques participants). Cette façon de procéder, en soi, remet totalement en question la possibilité laissée aux organisateurs de tirer des conclusions probantes et fiables de cette journée. Par ailleurs, la formulation-même des propositions pose question: avoir le choix d’être “Plus favorable” ou “Moins favorable” n’implique-t-il pas d’être avant tout… favorable? D’où le sentiment, chez beaucoup, d’avoir été mis face à des choix très cadenassés et d’avoir été ainsi privés d’une certaine liberté de pensée et d’expression. Le recours au chronomètre pour gérer les temps consacrés aux échanges, enfin, a également contribué à ce sentiment de pression exercée sur les groupes, limitant de facto les possibilités de s’exprimer sur des sujets jugés “hors-cadre” (opportunité du tronc commun, nécessité de repenser le sens et les rôles de l’école d’aujourd’hui et de demain, etc.).
- Le taux d’abstention, enfin, est abordé de façon erronée: il est mentionné, en effet, à la page 4 du rapport, dans la répartition des votes pour les scénarios du Fondamental, que 84 personnes se sont prononcées (20 pour le scénario 1, 47 pour le 2 et 17 en faveur d’un scénario alternatif) et qu’une table de 10 s’est abstenue, soit un total de 94 participants recensés… sur 116 ! Que sont devenus les 22 personnes restantes? Elles ne sont mentionnées nulle part. C’est donc plus de 27% des participants qui se sont purement et simplement abstenus de se prononcer et qui ont été “oubliés”! Curieuse anomalie de la part d’une société sérieuse censée fournir les données sur lesquelles reposeront les réflexions de la Ministre et des mandataires… et susceptible de jeter le doute sur l’ensemble des données chiffrées présentées par le rapport. D’autant qu’il n’est pas totalement dénué de sens de voir dans la création d’un scénario alternatif par 17 participants une forme de rejet des deux scénarios proposés/imposés. Il s’est agi, pour beaucoup, de manifester leur créativité par rapport à ce qui pouvait sembler inepte ou, du moins, mal pensé et de ne pas se limiter à une abstention pure qui aurait pu leur être reprochée.
S’il est toutefois possible de mettre en avant un mérite à cette journée, c’est bien celui d’avoir permis aux “vrais” acteurs de l’enseignement d’échanger même s’il s’agissait, pour cela de passer outre les règles et contraintes imposées par l’organisateur. Ensemble, ils ont manifesté une même volonté de changement. Ils ont prouvé qu’ils n’étaient en rien réfractaires à celui-ci et qu’au contraire, si un réel espace d’expression leur était dévolu au sein de ce processus prétendument participatif, leurs grandes ambitions pour l’école de demain pourraient alors être mises au jour et, qui sait, ECOUTEES, plutôt qu’ENTENDUES!
(1) ATANOR, Rapport de la Journée de Consensus du 20 janvier 2018 sur http://www.pactedexcellence.be/wp-content/uploads/2018/01/Rapport_journe%CC%81e_de_consensus_avec_annexes.pdf
(2) Résultats du sondage proposé en fin de journée par l’asbl 1Pact et messages adressés par les différentes tables à la Ministre de l’Education.
(3) http://www.federation-wallonie-bruxelles.be/index.php?id=159 consulté le 13.02.2018.
(4) https://fr.checkmarket.com/calculateur-taille-echantillon/ consulté le 13.02.2018.