Monsieur le Ministre-Président du Gouvernement, Mesdames et Messieurs les Ministres,
Voici plus de 3 ans que le Pacte pour un Enseignement d’Excellence a vu le jour. Les premières mesures – les fameux quick win du rapport de la société de consultance McKinsey, censés faciliter le passage aux autres mesures jugées négatives par le terrain – sont déjà en place : l’engagement en maternelle et l’aide aux directions du primaire. Allons même plus loin. La réforme de la gouvernance des écoles et l’allongement des études supérieures permettant de devenir enseignant dans le primaire et le secondaire inférieur sont deux mesures elles aussi déjà en place… Rien ne pourrait aller mieux pour le Pacte.
Il semble toutefois que la machine est à l’arrêt depuis quelques semaines. Le pire dans tout cela, c’est qu’elle n'est pas à l'arrêt après un débat citoyen ou parlementaire, sur base d'arguments et de discussions. Non, elle est à l'arrêt pour des raisons politiques internes au Parti Socialiste ! Ce conflit démontre que le Pacte est bel et bien une négociation entre décideurs, bien plus que le résultat de la large consultation que l'on veut nous faire accepter pour vraie. De l’avis des autres partis politiques (MR, DéFI, Ecolo, PTB), aucun consensus politique n’entoure le Pacte.
De plus, André Flahaut, Ministre du Budget, a récemment affirmé dans une émission de télévision que le Pacte avait déjà coûté près de 83 millions d’euros ! Quel gaspillage pour une réforme qui n'a pas fédéré autour d'elle ni consensus politique, ni adhésion du terrain et qui est aujourd’hui bloquée.
Quelles que soient les propositions de changement, elles se heurteront à des blocages qui prendront un aspect budgétaire. Outre l’ASBL 1pact, qui ne cesse de relever le manque de réalisme du Pacte, de plus en plus de personnalités expriment publiquement des inquiétudes réelles. Pour Messieurs WILLAME et REMELS (respectivement Président et Secrétaire Général de la Fondation pour l’Enseignement, fondation qui vise au rapprochement entre l’Ecole et le monde de l’Entreprise), par exemple, la réforme de la Formation Initiale des Enseignants (FIE) engendrerait un surcoût pour la FWB estimé à quelques centaines de millions d’euros ! Ce gouffre budgétaire pourrait, ni plus ni moins, entraîner la faillite de la FWB ! De plus, ces messieurs ont les solutions toutes trouvées : « Il faut dès à présent envisager les mesures pour assurer la soutenabilité de la réforme : par exemple augmenter ne fût-ce que légèrement la charge horaire des enseignants ou réviser les normes - très généreuses en Communauté française » (sic). Incroyable ! Ces propositions, marquent une fois de plus un décalage énorme avec les réalités du terrain (classes de 30 élèves dans des locaux fournis pour 24, par exemple…) !
Et force est de constater que des décalages avec la réalité et l’expérience des acteurs du terrain, le Pacte d’Excellence en est truffé et que les personnalités qui se targuent d’avoir les solutions, alors que ces mêmes sommités n’ont jamais mis les pieds dans une classe, sont légion.
Par ailleurs, rares sont les réformes du Pacte d’Excellence proposant des réponses en accord avec celles qu’aurait suggérées la majorité des acteurs du terrain, face aux problèmes et aux défis de notre enseignement. Car l’essentiel de cette réflexion doit se faire dans l’école. Comment réformer durablement et efficacement l’Ecole sans aller dans ses locaux pour demander aux acteurs du terrain leurs constats et leurs propositions ? La consultation d’une centaine de membres du personnel et de citoyens ou des ateliers de discussions ne fourniront pas les éclaircissements dont vous avez besoin. Plus d’une fois, nous avons mis en évidence les limites de ces « consultations » !
Tous ensemble, préparons une AUTRE réforme de l’enseignement. Une réforme basée sur l’expérience des directions, des enseignants, des éducateurs mais aussi des parents et des enfants (qui ne seront plus alors consultés, mais qui seront à la source). Légitimée par le terrain, cette autre réforme ne pourra subir les mêmes blocages politiques. Elle les survolera.
Pour vous aider dans cette crise et pour éviter tout autre gaspillage contre-productif, nous vous proposons, dès lors, de changer radicalement de méthode et d’opter pour une qui vous permettra d’élaborer un autre Pacte, incluant cette fois-ci une large majorité des acteurs du terrain. Partez de leur expérience, au lieu d’un rapport d’audit rédigé par une société de consultance dont la facture a été en partie payée par de grosses sociétés. Rappelez-vous ô combien nous vivons dans un monde libéralisé, où ces sociétés n'ont, comme ultime raison d’être, que celle de s’enrichir…
Nous avons pensé à quelques pistes, que nous nous permettons de vous soumettre :
1) RÉALISER UNE CONSULTATION LARGE PAR INTERNET
Chaque membre du personnel possède une boîte mail professionnelle, ne servant à recevoir que fiches de paie et autres documents liés aux impôts ou aux syndicats. Cette boîte pourrait sans problème accueillir un lien vers une page web qui proposerait à tout membre du personnel de répondre à quelques questions liées, par exemple, au tronc commun, à la valorisation du qualifiant, aux inégalités, aux taux d’encadrement en maternelle et en primaire, au bien-être à l’école… Nous nous sommes renseignés auprès d’une grande firme spécialisée : construire le questionnaire, envoyer 100.000 mails, analyser les résultats (15.000 retours attendus) et les présenter sous forme de propositions prendrait 11 semaines et coûterait… 25.000€ TVA comprise ! A titre de comparaison, avez-vous connaissance du coût de l’organisation de la « Journée de Consensus » du 20 janvier dernier autour des grilles du Tronc Commun et qui a concerné 116 personnes ?
2) PROGRAMMER DES JOURNÉES PÉDAGOGIQUES
Il s’agirait de programmer, dans chaque établissement, des journées pédagogiques pendant lesquelles les directions (ou des coordinateurs) rédigeraient des « cahiers de doléances » - sur différents thèmes proposés par les équipes pédagogiques ou sur base d’une grille proposée par le Ministère. Il existe presque 4000 établissements d’enseignement (tous réseaux et tous niveaux confondus) sur le territoire de la FWB, ils sont répertoriés sur l’annuaire du site www.enseignement.be. Nous vous proposons d’analyser, de recouper et de publier une synthèse de presque 4000 documents comportant des propositions pour améliorer l’enseignement, tant au niveau des inégalités que de la qualité de l’apprentissage ou du bien-être des personnes.
3) CRÉER UN SERVICE SUPPLÉMENTAIRE CHARGÉ DE PARCOURIR LES ÉCOLES
Vous pourriez créer, au sein du Ministère, un service supplémentaire composé d’acteurs du terrain détachés. Ces détachés pédagogiques seraient chargés de rencontrer toutes les équipes pédagogiques de la FWB, afin de rédiger des propositions.
Bien sûr, les problèmes budgétaires de la FWB freineraient beaucoup de choses… Mais que ne feraient les Belges pour leurs enfants ? Est-il blasphématoire de penser que notre système scolaire, réformé par une consultation large et profonde du terrain (et donc fonctionnant avec leur pleine et entière adhésion), nécessite un refinancement ? Une des conclusions les plus dangereuses que vous avez tirées du rapport de consultance de McKinsey est en libre circulation : « l’enseignement francophone est trop financé ! ». Beaucoup de dépeceurs des services publics soutiennent cette conclusion… et tant pis pour la population. Un refinancement bien pensé ne pourra qu’accroître la qualité de notre Enseignement et, par la même occasion, la vitalité de notre économie. Sur le long terme, cet investissement dans la jeunesse nous sera rendu.
En espérant que vous compreniez que notre opposition au Pacte a du sens et que nos propositions reflètent une main tendue pour contribuer à un changement démocratique de notre Ecole, nous vous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre-Président, Mesdames et Messieurs les Ministres, l’expression de nos salutations les plus respectueuses..
L’ASBL 1pact
Voici plus de 3 ans que le Pacte pour un Enseignement d’Excellence a vu le jour. Les premières mesures – les fameux quick win du rapport de la société de consultance McKinsey, censés faciliter le passage aux autres mesures jugées négatives par le terrain – sont déjà en place : l’engagement en maternelle et l’aide aux directions du primaire. Allons même plus loin. La réforme de la gouvernance des écoles et l’allongement des études supérieures permettant de devenir enseignant dans le primaire et le secondaire inférieur sont deux mesures elles aussi déjà en place… Rien ne pourrait aller mieux pour le Pacte.
Il semble toutefois que la machine est à l’arrêt depuis quelques semaines. Le pire dans tout cela, c’est qu’elle n'est pas à l'arrêt après un débat citoyen ou parlementaire, sur base d'arguments et de discussions. Non, elle est à l'arrêt pour des raisons politiques internes au Parti Socialiste ! Ce conflit démontre que le Pacte est bel et bien une négociation entre décideurs, bien plus que le résultat de la large consultation que l'on veut nous faire accepter pour vraie. De l’avis des autres partis politiques (MR, DéFI, Ecolo, PTB), aucun consensus politique n’entoure le Pacte.
De plus, André Flahaut, Ministre du Budget, a récemment affirmé dans une émission de télévision que le Pacte avait déjà coûté près de 83 millions d’euros ! Quel gaspillage pour une réforme qui n'a pas fédéré autour d'elle ni consensus politique, ni adhésion du terrain et qui est aujourd’hui bloquée.
Quelles que soient les propositions de changement, elles se heurteront à des blocages qui prendront un aspect budgétaire. Outre l’ASBL 1pact, qui ne cesse de relever le manque de réalisme du Pacte, de plus en plus de personnalités expriment publiquement des inquiétudes réelles. Pour Messieurs WILLAME et REMELS (respectivement Président et Secrétaire Général de la Fondation pour l’Enseignement, fondation qui vise au rapprochement entre l’Ecole et le monde de l’Entreprise), par exemple, la réforme de la Formation Initiale des Enseignants (FIE) engendrerait un surcoût pour la FWB estimé à quelques centaines de millions d’euros ! Ce gouffre budgétaire pourrait, ni plus ni moins, entraîner la faillite de la FWB ! De plus, ces messieurs ont les solutions toutes trouvées : « Il faut dès à présent envisager les mesures pour assurer la soutenabilité de la réforme : par exemple augmenter ne fût-ce que légèrement la charge horaire des enseignants ou réviser les normes - très généreuses en Communauté française » (sic). Incroyable ! Ces propositions, marquent une fois de plus un décalage énorme avec les réalités du terrain (classes de 30 élèves dans des locaux fournis pour 24, par exemple…) !
Et force est de constater que des décalages avec la réalité et l’expérience des acteurs du terrain, le Pacte d’Excellence en est truffé et que les personnalités qui se targuent d’avoir les solutions, alors que ces mêmes sommités n’ont jamais mis les pieds dans une classe, sont légion.
Par ailleurs, rares sont les réformes du Pacte d’Excellence proposant des réponses en accord avec celles qu’aurait suggérées la majorité des acteurs du terrain, face aux problèmes et aux défis de notre enseignement. Car l’essentiel de cette réflexion doit se faire dans l’école. Comment réformer durablement et efficacement l’Ecole sans aller dans ses locaux pour demander aux acteurs du terrain leurs constats et leurs propositions ? La consultation d’une centaine de membres du personnel et de citoyens ou des ateliers de discussions ne fourniront pas les éclaircissements dont vous avez besoin. Plus d’une fois, nous avons mis en évidence les limites de ces « consultations » !
Tous ensemble, préparons une AUTRE réforme de l’enseignement. Une réforme basée sur l’expérience des directions, des enseignants, des éducateurs mais aussi des parents et des enfants (qui ne seront plus alors consultés, mais qui seront à la source). Légitimée par le terrain, cette autre réforme ne pourra subir les mêmes blocages politiques. Elle les survolera.
Pour vous aider dans cette crise et pour éviter tout autre gaspillage contre-productif, nous vous proposons, dès lors, de changer radicalement de méthode et d’opter pour une qui vous permettra d’élaborer un autre Pacte, incluant cette fois-ci une large majorité des acteurs du terrain. Partez de leur expérience, au lieu d’un rapport d’audit rédigé par une société de consultance dont la facture a été en partie payée par de grosses sociétés. Rappelez-vous ô combien nous vivons dans un monde libéralisé, où ces sociétés n'ont, comme ultime raison d’être, que celle de s’enrichir…
Nous avons pensé à quelques pistes, que nous nous permettons de vous soumettre :
1) RÉALISER UNE CONSULTATION LARGE PAR INTERNET
Chaque membre du personnel possède une boîte mail professionnelle, ne servant à recevoir que fiches de paie et autres documents liés aux impôts ou aux syndicats. Cette boîte pourrait sans problème accueillir un lien vers une page web qui proposerait à tout membre du personnel de répondre à quelques questions liées, par exemple, au tronc commun, à la valorisation du qualifiant, aux inégalités, aux taux d’encadrement en maternelle et en primaire, au bien-être à l’école… Nous nous sommes renseignés auprès d’une grande firme spécialisée : construire le questionnaire, envoyer 100.000 mails, analyser les résultats (15.000 retours attendus) et les présenter sous forme de propositions prendrait 11 semaines et coûterait… 25.000€ TVA comprise ! A titre de comparaison, avez-vous connaissance du coût de l’organisation de la « Journée de Consensus » du 20 janvier dernier autour des grilles du Tronc Commun et qui a concerné 116 personnes ?
2) PROGRAMMER DES JOURNÉES PÉDAGOGIQUES
Il s’agirait de programmer, dans chaque établissement, des journées pédagogiques pendant lesquelles les directions (ou des coordinateurs) rédigeraient des « cahiers de doléances » - sur différents thèmes proposés par les équipes pédagogiques ou sur base d’une grille proposée par le Ministère. Il existe presque 4000 établissements d’enseignement (tous réseaux et tous niveaux confondus) sur le territoire de la FWB, ils sont répertoriés sur l’annuaire du site www.enseignement.be. Nous vous proposons d’analyser, de recouper et de publier une synthèse de presque 4000 documents comportant des propositions pour améliorer l’enseignement, tant au niveau des inégalités que de la qualité de l’apprentissage ou du bien-être des personnes.
3) CRÉER UN SERVICE SUPPLÉMENTAIRE CHARGÉ DE PARCOURIR LES ÉCOLES
Vous pourriez créer, au sein du Ministère, un service supplémentaire composé d’acteurs du terrain détachés. Ces détachés pédagogiques seraient chargés de rencontrer toutes les équipes pédagogiques de la FWB, afin de rédiger des propositions.
Bien sûr, les problèmes budgétaires de la FWB freineraient beaucoup de choses… Mais que ne feraient les Belges pour leurs enfants ? Est-il blasphématoire de penser que notre système scolaire, réformé par une consultation large et profonde du terrain (et donc fonctionnant avec leur pleine et entière adhésion), nécessite un refinancement ? Une des conclusions les plus dangereuses que vous avez tirées du rapport de consultance de McKinsey est en libre circulation : « l’enseignement francophone est trop financé ! ». Beaucoup de dépeceurs des services publics soutiennent cette conclusion… et tant pis pour la population. Un refinancement bien pensé ne pourra qu’accroître la qualité de notre Enseignement et, par la même occasion, la vitalité de notre économie. Sur le long terme, cet investissement dans la jeunesse nous sera rendu.
En espérant que vous compreniez que notre opposition au Pacte a du sens et que nos propositions reflètent une main tendue pour contribuer à un changement démocratique de notre Ecole, nous vous vous prions d’agréer, Monsieur le Ministre-Président, Mesdames et Messieurs les Ministres, l’expression de nos salutations les plus respectueuses..
L’ASBL 1pact