Nous étions deux membres de ce groupe Fb à répondre à l’invitation d’Ecolo pour assister au séminaire de réflexion sur le tronc commun du Pacte pour une Enseignement d’Excellence: votre serviteur en porte parole de ceux qui me l’avaient permis et Séverine Maun qui parlait en son nom. Les autres personnes présentes: Barbara Trachte, députée ECOLO aux parlements FWB et Wallon, membre de la commission Education au parlement de la FWB, initiatrice de la rencontre. Invités: Laurence Weerts (co-Présidente du groupe central du Pacte pour un Enseignement d’Excellence), Marc Romainville (Président du groupe de travail ‘tronc commun’), Fred Mawet (CGé), Bernard Boon Falleur (Ecole pour tous), Bernard Delvaux (Toute autre école) comme principaux intervenants. Précision: rien n’a été enregistré ou consigné, il s’agissait d’une réunion d’information. Elle a eu le mérite de mettre en contact les gens.
Le premier tour de parole :
Marc Romainville commence par un trait d’humour pour balayer d’un revers de la main l’opposition au Pacte. Il mentionne les ‘non, peut être’, les ‘oui, mais’ exprimés ces derniers jours. Il répond : ‘ et sinon?’ Il poursuit en donnant les grandes lignes qui sous-tendent le tronc commun: ses deux aspects principaux: Pluridisciplinaire et Polytechnique avec les sept domaines d’enseignement de valeur égale. ( 1 Langues, 2 Différentes formes d’expressions artistiques, 3 Math, sciences, géographie, physique, 4 Compétences technologiques, sciences humaines et sociales, 5 Philosophie et citoyenneté, 6 Activités physiques, bien-être et santé, 7 Créativité, engagement, esprit d’entreprendre). Il insiste sur le fait que le tronc commun va favoriser le vivre ensemble puisqu’il ouvre tous les enfants à toutes les disciplines, philosophies et techniques en leur permettant ainsi de mieux se connaitre tous. Il rappelle aussi l’importance dans le tronc commun du RCD. Il mentionne la possibilité ( ce n’est qu’une idée) de créer des écoles tronc commun et des écoles post-tronc sur le modèle français avec ses collèges et ses lycées. Il prétend que le tronc commun va favoriser l’égalité sociale en augmentant les acquis de base de tous.
Fred Mawet rappelle que le Cgé est à la base une fédération d’enseignants, un mouvement socio-pédagogique de profs militants. Elle présente la revue TRACES. Pour elle, le tronc commun est incontournable parce qu’il faut s’empêcher de fonctionner comme avant. Elle insiste sur les trois conditions de réussite du Pacte pour un Enseignement d’Excellence: la dimension systémique, un phasage précis et l’appropriation par les enseignants des mesures qu’il contient.
Bernard Boon Falleur rappelle le lien entre l’Ecole pour tous et le délégué aux droits de l’enfant. Il est favorable aussi au tronc commun. Il finit son intervention en tordant le coup à la désinformation: non, le pacte d’excellence n’a pas été écrit par McKinsey.
Bernard Delvaux articule son intervention autour de deux métaphores: celle de l’arbre et celle du ruisseau. L’arbre parce que le lien est évident avec le tronc commun qui donne après des branches basses, privées de soleil et des branches hautes mieux exposées. Il compare les élèves aux feuilles, les savoirs aux nutriments et les enseignants à la sève. Dans la métaphore du ruisseau, qu’il préfère à l’arbre, il met en avant les caractéristiques du ruisseau: il coule parfois vite, parfois lentement, il se divise pour se réunir plus loin et il finit dans le lac où l’on trouve des petits et des gros poissons qui co-habitent tranquillement. Il veut ainsi dire qu’il a une attente plus grande en terme de changement d’école et que le pacte n’y répond pas actuellement. Il parle d’un tronc commun de 2 à 22 ans avec des savoirs non plus pré-sélectionnés par l’institution mais choisis par les élèves eux-mêmes. Il pense que le tronc commun, tel que présenté, est une emplâtre sur une jambe de bois.
Pause
Après la pause, tour de questions aux premiers intervenants:
Un enseignant de haute école, spécialisé dans la formation des profs de gym, signale que dans le domaine 6 les profs de gym ne sont pas les mieux formés pour aborder le bien-être qui est une notion plus psychologique.
Vient mon tour de parler. Je me présente, je précise que je représente le groupe ‘Non au pacte d’excellence’ qui a rassemblé plus de 22000 membres en dix jours et que donc, non, autour de la table, nous ne sommes pas tous favorables au pacte, répondant ainsi à M. Romainville. Je précise que je suis prof de morale et que, via le collectif des profs de Morale, nous avons déjà vécu des décrets imposés par la manière forte par le gouvernement malgré les avertissements du terrain et que nous constatons les effets désastreux de cette façon de faire sur le terrain. Je signale que nous craignons donc que le schéma ne se représente avec le Pacte d’excellence. Je précise que la concertation large est tronquée par le fait que le plan de pilotage est déjà voté dans le décret fourre-tout d’une part et par le réel problème de représentativité d’autre part. En effet, les chiffres sont dans les annexes de l’avis n°3 et ils montrent que 380 parents ont été consultés, je précise que dans mon école, il y a 400 élèves et que donc, 380 parents ne représentent même pas une école. J’attire aussi l’attention sur le fait que de plus en plus d’enseignants ne se sentent plus représentés par les syndicats et qu’il suffit de constater la dissonance entre la participation des dirigeants de syndicats aux travaux du Pacte et la réaction de la base pour s’en apercevoir. Je suis rappelé par Madame Trachte qui me demande de me recentrer sur le tronc commun. Le temps de parole est limité. Sur le tronc commun, je parle de la différenciation impossible à moyens humains et financiers égaux. Je parle de l’expérience pilote en cours dans mon école qui justement met en pratique le RCD dans le cadre de l’enseignement modulaire. (Les programmes de toutes les matières sont découpés en modules, répartis sur les deux ans du premier degré. Un fois l’évaluation d’un module passée, en cas de réussite on fait de la consolidation ou du dépassement. En cas d’échec au module, on fait de la remédiation et l’élève repasse le module. L’objectif étant la réussite du CE1D à la terme de la deuxième année. ndlr, je ne l’ai pas précisé en parlant). Le constat pour les enseignants c’est une énorme fatigue, des préparations démultipliées, du travail administratif supplémentaire. Je précise que la différenciation est impossible avec des classes hétérogènes comme le prévoit le Pacte. Je réponds à M. Romainville qu’il a un peu vite balayé la contestation en introduction de son intervention. J’explique aux intervenants qu’ils ne mesurent pas l’ampleur de la contestation sur le terrain, la frustration des enseignants et des parents qui n’ont pas réellement été consultés; je leur signale à quel point ils sont déconnectés des préoccupations des gens. J’en profite pour dire à Fred Mawet que l’appropriation de pacte par les enseignants est ‘très mal barrée’. Je réponds à Bernard Delvaux sur sa métaphore de l’arbre en lui disant qu’il se trompe sur la place des enseignants dans sa métaphore, ils ne sont pas la sève, ils sont les bûcherons et le tronc commun ils vont le tronçonner. Fred Mawet m’interpelle et me demande comment on pourrait régler le problème de l’appropriation. Je lui réponds qu’en Finlande, qu’on cite souvent comme bon élève européen, quand la réforme s’est engagée on a d’abord pris la peine d’envoyer à chaque enseignant du pays trois livres avec des propositions pédagogiques et qu’on a entamé un vrai travail de concertation de la base.
La dame qui s’exprime ensuite est directrice d’école à Bruxelles. Elle signale l’absence des éducateurs dans le Pacte alors qu’ils occupent un rôle crucial. Elle signale l’absence de joie dans sa salle des profs et que malgré cela ses enseignants se démènent chaque jour.
Une autre dame s’exprime, je n’ai pas noté ses questions.
Vient le tour de Séverine Maun: elle a commencé par poser la question de l’allongement du TC jusqu’en secondaire. Pourquoi tant de précipitation ? Voyons déjà avec le primaire ! Elle a souligné aussi que c’est dans l’organisation des secondaires que cela poserait le plus de problèmes. Ensuite, elle s’est mise à énumérer des problèmes concrets : - l’aspect polytechnique dans le TC : quelles techniques ? Il y a une foule d’orientations différentes dans le technique : la/lesquelle(s) va-t-on mettre en avant dans le TC ? Avec quels profs (disposant bien sûr du titre requis) ? Elle a ensuite parlé des moyens qui seront mis à disposition des profs pour appliquer les nouveaux programmes, notamment les RCD. Elle a souligné les deux axes prévus par le Pacte : la formation de profs et le numérique (ce remède miracle !). Elle a rappelé qu’il était écrit texto (et elle a bien insisté sur le fait qu’elle avait TOUT lu, même les notes de bas de page, sous-entendant que c’est insupportable qu’on dise que les profs sont « désinformés ») que la réforme de l’IFC était très compliquée et donc pas prévue pour l’instant, que mettre tous nos prépas sur un portail web était un leurre et que, vu le temps que ça prenait de trouver LA prépa qui convient à sa classe, elle préférait encore préparer elle-même… Elle a rappelé que le Pacte prévoit la suppression de la commission d’homologation des manuels scolaires, bref que les profs n’auront AUCUN manuel pour les aider. Elle a relevé une contradiction dans l’intervention de M. Romainville concernant la certification. Il avait dit que les sept domaines du TC n’auraient de la valeur que s’ils étaient tous les 7 certifiés. Elle en a déduit un lien entre valeur-certification et motivation. Alors, pourquoi enlever toute certification jusqu’à 15 ans ? Il avait également dit que dans beaucoup de pays, le fait que certaines écoles aillent plus loin dans la matière que ce qui est certifié (par une certification commune et standardisée) ne posait pas problème. Elle a répondu :” OK, comme prof, c’est un discours que je peux entendre mais les élèves, eux, s’engouffrent dans la brèche et ne voient pas ça comme ça !” Enfin, elle a souligné que, dans son école actuelle (où elle est depuis 10 ans), elle entend pour la première ( !) fois des collègues qui parlent de quitter l’enseignement (pas un, plusieurs !) et que ce ne sont pas les pires ou les « clampins » que l’on entend « piloter ». Elle a ajouté qu’elle y pensait sérieusement elle-même. Au moment au Fred Mawet a quitté la table, elle lui a dit qu’elle devait rester dans l’enseignement car on avait besoin de profs comme elle. C’est marrant qu’elle dise ça parce que Séverine n’était juste tellement pas d’accord avec son intervention…
Il y a eu d’autres interventions. Il faut en retenir qu’un directeur d’établissement technique et professionnel a demandé la fin de l’ingérence politique dans l’enseignement, un autre a dit que les réformes qui se sont succédées depuis les années 70 ont surtout impacté les profs du secondaire inférieur et que c’est là que, selon lui, on trouve les meilleurs profs.
Voilà en substance ce qui s’est passé. Désolé, ce n’est pas un procès- verbal à proprement parlé mais, et j’écris sous le contrôle de Séverine, l’essentiel est rapporté.
Au final, ma conclusion est la suivante: Les auteurs de l’avis n°3 sont animés d’intentions sincères et pensent vraiment qu’ils ont la solution pour améliorer l’enseignement. Ils ne remettent jamais en cause le dogme des enquêtes PISA, nouvelle bible des politiques. Il sont engagés dans un processus au long court sur 20 ans. Ils sont inscrits dans un autre agenda que les politiques, ils n’ont pas leur urgence ce qui explique, à mon avis, que les rédacteurs du Pacte sous-estiment ou ne comprennent pas la contestation. Je vois deux problèmes après ce séminaire: les auteurs du Pacte sont totalement méconnaissants de la diversité des réalités dans les établissements. Deuxième problème, si la concertation, la pédagogie, la participation sont mises en avant par les auteurs du Pacte (malgré leurs dysfonctionnements mis en évidence plus haut, qu’ils réfutent), il n’est jamais question, à l’heure actuelle, de possibilité de négociation.
Christophe Bodart
Le premier tour de parole :
Marc Romainville commence par un trait d’humour pour balayer d’un revers de la main l’opposition au Pacte. Il mentionne les ‘non, peut être’, les ‘oui, mais’ exprimés ces derniers jours. Il répond : ‘ et sinon?’ Il poursuit en donnant les grandes lignes qui sous-tendent le tronc commun: ses deux aspects principaux: Pluridisciplinaire et Polytechnique avec les sept domaines d’enseignement de valeur égale. ( 1 Langues, 2 Différentes formes d’expressions artistiques, 3 Math, sciences, géographie, physique, 4 Compétences technologiques, sciences humaines et sociales, 5 Philosophie et citoyenneté, 6 Activités physiques, bien-être et santé, 7 Créativité, engagement, esprit d’entreprendre). Il insiste sur le fait que le tronc commun va favoriser le vivre ensemble puisqu’il ouvre tous les enfants à toutes les disciplines, philosophies et techniques en leur permettant ainsi de mieux se connaitre tous. Il rappelle aussi l’importance dans le tronc commun du RCD. Il mentionne la possibilité ( ce n’est qu’une idée) de créer des écoles tronc commun et des écoles post-tronc sur le modèle français avec ses collèges et ses lycées. Il prétend que le tronc commun va favoriser l’égalité sociale en augmentant les acquis de base de tous.
Fred Mawet rappelle que le Cgé est à la base une fédération d’enseignants, un mouvement socio-pédagogique de profs militants. Elle présente la revue TRACES. Pour elle, le tronc commun est incontournable parce qu’il faut s’empêcher de fonctionner comme avant. Elle insiste sur les trois conditions de réussite du Pacte pour un Enseignement d’Excellence: la dimension systémique, un phasage précis et l’appropriation par les enseignants des mesures qu’il contient.
Bernard Boon Falleur rappelle le lien entre l’Ecole pour tous et le délégué aux droits de l’enfant. Il est favorable aussi au tronc commun. Il finit son intervention en tordant le coup à la désinformation: non, le pacte d’excellence n’a pas été écrit par McKinsey.
Bernard Delvaux articule son intervention autour de deux métaphores: celle de l’arbre et celle du ruisseau. L’arbre parce que le lien est évident avec le tronc commun qui donne après des branches basses, privées de soleil et des branches hautes mieux exposées. Il compare les élèves aux feuilles, les savoirs aux nutriments et les enseignants à la sève. Dans la métaphore du ruisseau, qu’il préfère à l’arbre, il met en avant les caractéristiques du ruisseau: il coule parfois vite, parfois lentement, il se divise pour se réunir plus loin et il finit dans le lac où l’on trouve des petits et des gros poissons qui co-habitent tranquillement. Il veut ainsi dire qu’il a une attente plus grande en terme de changement d’école et que le pacte n’y répond pas actuellement. Il parle d’un tronc commun de 2 à 22 ans avec des savoirs non plus pré-sélectionnés par l’institution mais choisis par les élèves eux-mêmes. Il pense que le tronc commun, tel que présenté, est une emplâtre sur une jambe de bois.
Pause
Après la pause, tour de questions aux premiers intervenants:
Un enseignant de haute école, spécialisé dans la formation des profs de gym, signale que dans le domaine 6 les profs de gym ne sont pas les mieux formés pour aborder le bien-être qui est une notion plus psychologique.
Vient mon tour de parler. Je me présente, je précise que je représente le groupe ‘Non au pacte d’excellence’ qui a rassemblé plus de 22000 membres en dix jours et que donc, non, autour de la table, nous ne sommes pas tous favorables au pacte, répondant ainsi à M. Romainville. Je précise que je suis prof de morale et que, via le collectif des profs de Morale, nous avons déjà vécu des décrets imposés par la manière forte par le gouvernement malgré les avertissements du terrain et que nous constatons les effets désastreux de cette façon de faire sur le terrain. Je signale que nous craignons donc que le schéma ne se représente avec le Pacte d’excellence. Je précise que la concertation large est tronquée par le fait que le plan de pilotage est déjà voté dans le décret fourre-tout d’une part et par le réel problème de représentativité d’autre part. En effet, les chiffres sont dans les annexes de l’avis n°3 et ils montrent que 380 parents ont été consultés, je précise que dans mon école, il y a 400 élèves et que donc, 380 parents ne représentent même pas une école. J’attire aussi l’attention sur le fait que de plus en plus d’enseignants ne se sentent plus représentés par les syndicats et qu’il suffit de constater la dissonance entre la participation des dirigeants de syndicats aux travaux du Pacte et la réaction de la base pour s’en apercevoir. Je suis rappelé par Madame Trachte qui me demande de me recentrer sur le tronc commun. Le temps de parole est limité. Sur le tronc commun, je parle de la différenciation impossible à moyens humains et financiers égaux. Je parle de l’expérience pilote en cours dans mon école qui justement met en pratique le RCD dans le cadre de l’enseignement modulaire. (Les programmes de toutes les matières sont découpés en modules, répartis sur les deux ans du premier degré. Un fois l’évaluation d’un module passée, en cas de réussite on fait de la consolidation ou du dépassement. En cas d’échec au module, on fait de la remédiation et l’élève repasse le module. L’objectif étant la réussite du CE1D à la terme de la deuxième année. ndlr, je ne l’ai pas précisé en parlant). Le constat pour les enseignants c’est une énorme fatigue, des préparations démultipliées, du travail administratif supplémentaire. Je précise que la différenciation est impossible avec des classes hétérogènes comme le prévoit le Pacte. Je réponds à M. Romainville qu’il a un peu vite balayé la contestation en introduction de son intervention. J’explique aux intervenants qu’ils ne mesurent pas l’ampleur de la contestation sur le terrain, la frustration des enseignants et des parents qui n’ont pas réellement été consultés; je leur signale à quel point ils sont déconnectés des préoccupations des gens. J’en profite pour dire à Fred Mawet que l’appropriation de pacte par les enseignants est ‘très mal barrée’. Je réponds à Bernard Delvaux sur sa métaphore de l’arbre en lui disant qu’il se trompe sur la place des enseignants dans sa métaphore, ils ne sont pas la sève, ils sont les bûcherons et le tronc commun ils vont le tronçonner. Fred Mawet m’interpelle et me demande comment on pourrait régler le problème de l’appropriation. Je lui réponds qu’en Finlande, qu’on cite souvent comme bon élève européen, quand la réforme s’est engagée on a d’abord pris la peine d’envoyer à chaque enseignant du pays trois livres avec des propositions pédagogiques et qu’on a entamé un vrai travail de concertation de la base.
La dame qui s’exprime ensuite est directrice d’école à Bruxelles. Elle signale l’absence des éducateurs dans le Pacte alors qu’ils occupent un rôle crucial. Elle signale l’absence de joie dans sa salle des profs et que malgré cela ses enseignants se démènent chaque jour.
Une autre dame s’exprime, je n’ai pas noté ses questions.
Vient le tour de Séverine Maun: elle a commencé par poser la question de l’allongement du TC jusqu’en secondaire. Pourquoi tant de précipitation ? Voyons déjà avec le primaire ! Elle a souligné aussi que c’est dans l’organisation des secondaires que cela poserait le plus de problèmes. Ensuite, elle s’est mise à énumérer des problèmes concrets : - l’aspect polytechnique dans le TC : quelles techniques ? Il y a une foule d’orientations différentes dans le technique : la/lesquelle(s) va-t-on mettre en avant dans le TC ? Avec quels profs (disposant bien sûr du titre requis) ? Elle a ensuite parlé des moyens qui seront mis à disposition des profs pour appliquer les nouveaux programmes, notamment les RCD. Elle a souligné les deux axes prévus par le Pacte : la formation de profs et le numérique (ce remède miracle !). Elle a rappelé qu’il était écrit texto (et elle a bien insisté sur le fait qu’elle avait TOUT lu, même les notes de bas de page, sous-entendant que c’est insupportable qu’on dise que les profs sont « désinformés ») que la réforme de l’IFC était très compliquée et donc pas prévue pour l’instant, que mettre tous nos prépas sur un portail web était un leurre et que, vu le temps que ça prenait de trouver LA prépa qui convient à sa classe, elle préférait encore préparer elle-même… Elle a rappelé que le Pacte prévoit la suppression de la commission d’homologation des manuels scolaires, bref que les profs n’auront AUCUN manuel pour les aider. Elle a relevé une contradiction dans l’intervention de M. Romainville concernant la certification. Il avait dit que les sept domaines du TC n’auraient de la valeur que s’ils étaient tous les 7 certifiés. Elle en a déduit un lien entre valeur-certification et motivation. Alors, pourquoi enlever toute certification jusqu’à 15 ans ? Il avait également dit que dans beaucoup de pays, le fait que certaines écoles aillent plus loin dans la matière que ce qui est certifié (par une certification commune et standardisée) ne posait pas problème. Elle a répondu :” OK, comme prof, c’est un discours que je peux entendre mais les élèves, eux, s’engouffrent dans la brèche et ne voient pas ça comme ça !” Enfin, elle a souligné que, dans son école actuelle (où elle est depuis 10 ans), elle entend pour la première ( !) fois des collègues qui parlent de quitter l’enseignement (pas un, plusieurs !) et que ce ne sont pas les pires ou les « clampins » que l’on entend « piloter ». Elle a ajouté qu’elle y pensait sérieusement elle-même. Au moment au Fred Mawet a quitté la table, elle lui a dit qu’elle devait rester dans l’enseignement car on avait besoin de profs comme elle. C’est marrant qu’elle dise ça parce que Séverine n’était juste tellement pas d’accord avec son intervention…
Il y a eu d’autres interventions. Il faut en retenir qu’un directeur d’établissement technique et professionnel a demandé la fin de l’ingérence politique dans l’enseignement, un autre a dit que les réformes qui se sont succédées depuis les années 70 ont surtout impacté les profs du secondaire inférieur et que c’est là que, selon lui, on trouve les meilleurs profs.
Voilà en substance ce qui s’est passé. Désolé, ce n’est pas un procès- verbal à proprement parlé mais, et j’écris sous le contrôle de Séverine, l’essentiel est rapporté.
Au final, ma conclusion est la suivante: Les auteurs de l’avis n°3 sont animés d’intentions sincères et pensent vraiment qu’ils ont la solution pour améliorer l’enseignement. Ils ne remettent jamais en cause le dogme des enquêtes PISA, nouvelle bible des politiques. Il sont engagés dans un processus au long court sur 20 ans. Ils sont inscrits dans un autre agenda que les politiques, ils n’ont pas leur urgence ce qui explique, à mon avis, que les rédacteurs du Pacte sous-estiment ou ne comprennent pas la contestation. Je vois deux problèmes après ce séminaire: les auteurs du Pacte sont totalement méconnaissants de la diversité des réalités dans les établissements. Deuxième problème, si la concertation, la pédagogie, la participation sont mises en avant par les auteurs du Pacte (malgré leurs dysfonctionnements mis en évidence plus haut, qu’ils réfutent), il n’est jamais question, à l’heure actuelle, de possibilité de négociation.
Christophe Bodart